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Une femme, une vie
À partir de mes 35 ans j’ai ressenti un besoin profond d’écrire … et pendant 5 ans je n’ai pas arrêté d’écrire. J’ai interrogé de nombreux membres de ma famille et mis sous la loupe ma vie jusqu’à présent. Mes expériences multiples, positives et négatives y sont décrites. Ça m’a aidé à mieux comprendre qui je suis et à comprendre ma place dans le monde …
Extrait
TERRA INCOGNITA
Je suis née dans un patelin banal en Belgique, au début du printemps dans les années 80. Mon père et ma mère habitaient dans un petit appartement au-dessus d’une mutuelle, où ils pouvaient vivre à titre gratuit car ils nettoyaient les locaux. J’étais le deuxième enfant, mon frère étant arrivé un an et demi plus tôt. Quand je suis arrivée au monde, mes parents étaient déjà en plein préparatifs pour déménager en France, un choix qui allait plus tard influencer profondément leurs vies ainsi que celle de mon frère et la mienne. Ils allaient quitter le plat pays belge afin de s’installer dans un petit village de France, perdu dans les Pyrénées-Orientales.
C’était plutôt le rêve de mon père, qui depuis toujours avait eu cette vision de vivre une vie pleine d’aventures, dans un horizon lointain. Ma mère n’avait pas forcément envie de déménager. Elle était bien installée en Belgique, proche de ses amies et de sa famille et avait un petit boulot plutôt sympathique dans un magasin de meubles. Elle ne se réjouissait pas vraiment à l’idée de quitter la Belgique, changer de vie et s’installer dans un village perdu en pleine montagne où il faisait froid et où elle serait obligée d’élever ses enfants dans des conditions loin d’être idéales. Mais elle a tout de même fini par suivre son mari, en sachant d’avance inconsciemment que leur mariage n’allait pas survivre à cette aventure. Il s’avérera plus tard qu’elle avait raison.
Le village où ils déménagèrent était, à cette époque, un endroit protégé de par son isolement et le fait qu’il ait été mis à sac et abandonné après la seconde guerre mondiale. Ancré dans des montagnes de plus de deux-mille mètres de hauteur, seuls les bergers y venaient en été pour y faire brouter leurs troupeaux de chèvres et d’ânes. Le reste de l’année, ce village ou ce qu’il en restait, était livré aux éléments de la nature. Relié au monde grâce à une route construite dans les années ’60, on lui attribua le noble titre de « l’un des derniers villages de France ».